The history and memory of the Cossacks in the ROVS (Russian All-Military Union) in France (1924-1945)

Corps d’armée distinct dans l’histoire militaire de l’Empire russe, les cosaques forment durant la guerre civile (1917-1921) le cœur de l’Armée des Volontaires du général Wrangel, et sont des opposants farouches au régime bolchevique. Contraints à l’exil après la Révolution, comme des milliers d’autres « Russes blancs », ils se regroupent à l’étranger en différentes associations, dont la plus importante est l’Union générale des combattants russes (ROVS), une fédération d’associations régimentaires créée par le général Wrangel à Sremski Karlovci dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes en 1924. Durant l’entre-deux-guerres, période charnière pour la construction de son identité autour d’une mémoire collective, la ROVS continue son combat idéologique contre les Soviétiques et vise à écraser l’Armée rouge. De nombreux cosaques émigrés membres de la ROVS s’engagent par la suite aux côtés de l’Allemagne nazie pour combattre le communisme et les Soviétiques. Essentielle pour comprendre l’histoire de l’anticommunisme ainsi que les affrontements Ouest-Est qui agitent l’Europe du XXe siècle, la ROVS n’est connue à ce jour que de manière fragmentaire et souvent biaisée. Si l’histoire de l’émigration militaire russe a fait l’objet d’un regain d’intérêt dans l’historiographie de ces dernières années, aucune étude d’envergure ne porte par exemple sur les cosaques émigrés en France, principal pays d’accueil des émigrés russe dès 1924. Portant plus particulièrement sur la France comme épicentre de la ROVS, mon projet de thèse, situé à la croisée de l’histoire militaire, de l’histoire sociale, de l’histoire de l’anticommunisme et des études mémorielles, vise à faire la lumière sur cette Union, qui constitue l’un des plus larges réseaux de personnes et d’associations anticommunistes entre 1924 et 1945, et au sein de laquelle les cosaques sont nombreux. Il s’agira de répondre à plusieurs questions : quel rôle jouent les cosaques dans les milieux des militaires russes exilés ? Comment se manifeste leur intégration sociale et politique dans leur nouveau pays d’accueil ? Dans quelle mesure les cosaques ont-ils participé à la lutte idéologique anticommuniste ? Enfin, quelle est leur place dans la politique mémorielle de la ROVS ? Je tenterai de répondre à ces questions en me fondant sur des fonds d’archives dispersés dans les différents pays de l’émigration, en France (Musée des régiments des cosaques de la Garde impériale de Courbevoie), aux États-Unis (Institut Hoover) ou encore en Russie (GARF). Les périodiques, comme La Sentinelle, ainsi que les ego-histoires, produites par les émigrés eux-mêmes, constitueront d’autres sources importantes qui seront exploitées.